Covid-19, une arme de guerre dans les foyers conjugaux

Article : Covid-19, une arme de guerre dans les foyers conjugaux
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24 août 2020

Covid-19, une arme de guerre dans les foyers conjugaux

L’arrivée de la pandémie de Covid-19, et les restrictions de mouvements entraînent une hausse alarmante des violences domestiques dans le monde. Dans ce billet, vous lirez le témoignage émouvant de Mme Béatrice, une victime des violences psychologiques et physiques dans son foyer conjugal sous les coups de son mari dès l’arrivée de la Covid-19.


Le Témoignage de Dame Béatrice

Un mercredi dans l’après-midi, j’ai rencontré par mégarde dans mon quartier de vieille souche « Cocotomey » une ancienne collègue. Au cours de nos discussions, Béatrice me faisait comprendre qu’elle n’est plus avec son mari à cause des violences qu’elle subisse

« Si on m’avait dit qu’il allait être violent, je n’y aurais jamais cru. Il m’a manipulé pendant plusieurs années. Je ne m’en rendais pas compte, c’était l’homme de ma vie. Il a été présent pour moi, lorsque je me sentais un peu seule et que j’avais des soucis, il est tout simplement mon modèle et je l’adorais. 

Tout a commencé lorsque la circulation des transports en commun a été suspendue à cause du cordon sanitaire dans le cadre de la riposte contre la Covid-19. Son comportement a changé peu à peu. Il me parlait mal et me contredisait tout le temps. Il était violent. De jours en jours, il était de plus en plus exécrable. Il ne me supportait plus. J’étais son fardeau. Et puis il s’excusait et disait vouloir une seconde chance… Il était dans l’ambiguïté. C’était incompréhensible. 

Un jour, comme d’habitude, j’ai réclamé de l’argent pour la cuisine du ménage et il m’a renvoyé chez mes parents. Cela m’a énervé, on s’est disputé et les insultes ont fusé. Il m’a bousculée et je suis tombée sur la banquette. Mais ma tête a rebondi contre le sol. J’ai eu mal à la nuque pendant plus de deux semaines. Plus tard, il m’a également attrapé par le bras pour me jeter dehors en pleine nuit avant de me récupérer. Il l’a fait trois fois en l’espace des deux semaines. Puis,  j’ai découvert qu’il me trompait et qu’il n’avait plus la possibilité d’aller chez sa maîtresse, donc ça l’énervait. Je suis devenu son esclave dans la chambre. Les insultes, les gifles, les injures… J’encaissais. 

Je n’ai pas déposé de plainte. Je me disais que ça sera la honte pour le notre couple. Aussi, personne ne me croirait, et même si j’allais à la police, que pourrais-je leur dire ? C’est tout de même le papa de mes enfants. 

Je mourais en silence lorsqu’un jour, j’ai fais mes colis et je suis partie chez ma petite sœur qui m’a hébergée. Je l’ai prévenue par SMS. J’ai préféré ne pas lui dire en face de peur qu’il recommence.

Cet homme a tout fait pour dire que c’était de ma faute si on se séparait. Sa violence psychologique m’a beaucoup marquée. J’ai du mal à m’en remettre. »

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En réalité, la Covid-19 bouleverse depuis l’ordre des choses chez les êtres humains. Les activités économiques tournent au ralentir. Cet état de choses a mis tout le monde sous pression. Ce qui impacte négativement les foyers conjugaux, car la colère, liée à l’angoisse déclenchée par cette maladie  est souvent déversée sur son ou sa partenaire. C’est le cas du mari de dame Béatrice. La morosité économique liée à la situation sanitaire, est souvent source dépression, d’anxiété, de lassitude et de stress post-traumatique chez les hommes. Ce qui parfois à la base des disputes dans les couples.

Les mécanismes de lutte contre les violences domestiques au Bénin

Les violences faites aux femmes constituent un problème crucial de développement qui affecte la femme jusque dans sa dignité.

En effet, en janvier 2012, une étude commanditée par le Ministère de la Famille des Affaires Sociales, de la Solidarité Nationale, des Handicapés et des Personnes de Troisième Âge sur les violences faites aux femmes au plan national a révélé que sur environ 52% de la population que constituent les femmes, 69% ont déclaré avoir subi des violences au moins une fois dans leur vie.

Alors que faire ? Au regard de cette prévalence et de réticences des auteurs de violences sur les femmes, le Gouvernement a promulgué la Loi n° 2011-26 du 9 janvier 2012, portant prévention et répression des violences faites aux femmes. Cette loi constitue un mécanisme à la fois de combat et de développement de la femme, une avancée notable dans la protection juridique de la femme béninoise et une meilleure valorisation du principe de l’égalité des sexes.

Les dispositions pénales relatives à la violence conjugale se lisent comme suit:

Les dispositions pénales avec les articles 32 et 33 du même code punies les violences psychologiques à l’égard de la femme. « Article 32 : Les violences psychologiques comme définies à l’article 3 de la présente loi sont punies d’une amende pouvant aller à un million de francs. »

Par ailleurs, il est écrit dans la Constitution de la République du Bénin que « l’homme et la femme sont égaux en droits. L’État protège la famille et particulièrement la mère et l’enfant » (Bénin 1990, art. 26).

Les femmes sont protégées à l’égard des violences domestiques. Ainsi, celles-ci, doivent sortir de leur silence et dénoncer les auteurs des violences à leur égard. C’est ce qu’aurait pu faire Mme Béatrice. Le Bénin dispose un réseau de centres de promotion sociale (CPS), localisés dans les 12 départements du pays. Les CSP sont chargés entre autres, d’offrir du soutien aux femmes victimes de violences. Elles peuvent s’adresser également à plusieurs structures comme l’Association béninoise pour le marketing social et la communication pour la santé  (ABMS)et l’Association des femmes juristes du Bénin (AFJB) etc.

Sans doute, en moment de doute ou de recherche d’un partenaire à qui se confier en toute confiance, les victimes et les témoins peuvent contacter le service d’aide Houéfa.
Pour rappel, Houéfa est un service d’écoute et de soutien en ligne destiné à orienter les personnes victimes de violences physiques, d’abus sexuel, d’abus psychologique. Ce centre en ligne offre des services totalement gratuits et met l’humain au centre de ses actions. Au besoin, il vous met en contact avec les institutions les plus adéquates pour vous soutenir. N’hésitez pas alors, à vous rendre sur https://arayaa.com/ pour avoir plus d’informations.

L’avènement de la Covid-19 crée des tensions entres les hommes et les femmes. Une situation qui dégrade les couples compte tenu des violences qui s’y invitent. Que vont devenir les enfants si les femmes quittent le foyer conjugal sous le coup des violences ? Cette question mérite d’être posée. Alors, il important que chacun dans le couple contrôle ses impulsions avant de bien vouloir agir.

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