Bénin : « Tassi Hangbé la Reine amazone », un spectacle et un devoir de mémoire

Article : Bénin : « Tassi Hangbé la Reine amazone », un spectacle et un devoir de mémoire
Crédit: Bérénice Célia Gainsi
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23 décembre 2021

Bénin : « Tassi Hangbé la Reine amazone », un spectacle et un devoir de mémoire

Dans l’histoire du royaume de Danhomè, une seule figure féminine a pu régner sur le trône. Il s’agit de la reine Tassi Hangbé dont l’histoire ne figure pas dans la lignée exclusivement masculine de ceux qui ont conduit la destinée de cette grande monarchie de l’Afrique de l’Ouest. Une partie de son histoire est mise en scène, et ouvre ce mercredi 22 décembre 2021 au palais des congrès de Cotonou les Nuits artistiques et culturelles de Cotonou (NACC).

Le gouvernement béninois, pour clôturer l’année dans une ferveur culturelle et redonner le sourire aux artistes et populations, ouvre les Nuits artistiques et culturelle de Cotonou (NACC). Objectif ? Faire rayonner les créations artistiques les plus révélées et confirmer le talent des grands acteurs de la scène culturelle à travers toutes les disciplines culturelles, déclare le Ministre Jean-Michèl Abimbola à l’ouverture. Les dites nuits, constituées de divers spectacles ont démarré au palais des congrès de Cotonou avec, à la clé, la pièce de théâtre « Tassi Hangbé ». Un texte écrit par Florent Couao-Zotti avec une adaptation et mis en scène de Ousmane Aledji, qui retrace le parcours de la reine combattante Tassi Hangbé.

Tassi Hangbé, la reine interdite à la reine Amazone         

La représentation de Tassi Hangné, la reine amazone dans la mythique salle rouge du palais des congrès de Cotonou est plus qu’un spectacle. Il s’agit d’un devoir de mémoire. La fine plume de l’écrivain Florent Raoul Couao-Zotti s’est évertuée à restituer l’épopée de la figure féminine emblématique dans l’histoire du Danhomey.

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Un décor somptueux aux couleurs du royaume de Danhomey, des jeux de lumière, des personnages interprètes habillés de pagne blanc et noir, une salle pleine comme un œuf, etc… Il n’en faut pas plus que ça. La pièce théâtrale démarre sous les regards curieux du public béninois qui veut se plonger dans l’histoire de l’unique reine. Des personnages constitués de femmes habillées en blanc, s’avancent sur la scène avec une dépouille mortelle du roi. Elles scandent en chœur, les chansons de désarroi. À Agbomé, le peuple, pleure depuis des semaines la mort du roi AKABA. Hangbé, la guerrière et sœur jumelle du souverain se voit transférer le pouvoir et tous les attributs du royaume. 

Très tôt, la reine et ses courageuses femmes guerrières appelées les « Agodjié » qui assurent la sécurité de la cour royale, se sont confrontées à divers difficultés. Les hommes s’opposent à voir une femme sur le trône. Son jeune frère, représenté dans la pièce sous le nom de Gnansounnou complote également contre elle. Pour lui, Tassi Hangbé déshonore le trône de son père et la rue le colporte aux oreilles des notables. Alors, il commandite l’enlèvement de Tankpinou le fils de la reine, donc son neveu. Le seul qui lui reste sur les quatre de ces entrailles. « Il veut que j’abdique, que je renonce au trône sans quoi je ne verrai mon fils » confie la reine au palais à sœur Dossi les larmes aux yeux.

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Fidèle Gbégnon dans le rôle de la Reine Tassi Hangbé

En réalité, Gnansounnou, le conspirateur ne compte pas lâcher la lutte avec sa sœur devenue reine, car selon lui, il joue un rôle de protecteur et de conservateur du trône. Si la reine meurt, c’est son fils d’une autre lignée qui prendra la direction du palais, ce qui pourra mettre un terme au règne de son père Hougbadja sur terre. Le mieux serait de tuer le seul fils de la reine. La reine fatiguée par les querelles, et l’enlèvement de son fils laisse le pouvoir à son jeune frère. Son fils unique a été mis à mort pour empêcher toute réclamation au trône. Hangbe, dégoûtée de l’exécution de son fils, s’est déshabillée devant le conseil et a lavé ses organes génitaux pour montrer son mépris envers leur décision. 

Une fin tragique qui laisse les uns et les autres sur leur faim de continuer à apprendre de l’histoire de la femme dans le royaume à la société aux temps modernes.

La pièce « Tassi Hangbé », une réécriture de l’écrivain Florent Couao-Zotti mise en scène par Ousmane Alédji est interprétée par des acteurs authentiques de la scène béninoise. Il s’agit de Fidèle Gbégnon dans le rôle de la reine Hangbé, Nathalie Hounvo Yekpe, Rachelle Agbossou qui interpratait une partie du monologue à travers la danse contemporaines, les sœurs Teriba Tatiana et Carine avec une voix suave, Nicolas De Dravo Houenou et Raphael Hounto.

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Commentaires

Emmanuel Kossivi ESSEH
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Wouah ! Très belle histoire jamais traversé aux côtés de mes oreilles.

Merci pour l'info par cette mignonne plume.