Tontine sexuelle 2.0, un danger pour le cyberespace et les adolescents 

Article : Tontine sexuelle 2.0, un danger pour le cyberespace et les adolescents 
Crédit: Crédit: Bonbaro Zinzin BZ
25 novembre 2023

Tontine sexuelle 2.0, un danger pour le cyberespace et les adolescents 

La prostitution est une vieille pratique du monde. Bien qu’elle ne soit pas légalisée au Bénin, elle est exercée comme métier et sous plusieurs formes. La plus récente forme, reste le phénomène de « Bizi ». Le phénomène tourne à la numérisation et atteint les espaces en ligne. On parle de la *tontine sexuelle ou “tontine du sexe” dont la gestion se fait en ligne entre les prostituées et clients. Cette nouvelle forme de pratique prend de l’ampleur et constitue un danger pour un cyberespace sain et vivable pour les adolescents et jeunes qui découvrent les réseaux sociaux.

*C’est une association de personnes qui cotisent à une caisse commune et dont le montant revient à tour de rôle à chacune d’entre elles.

Caricaturiste : BONBAZARO ZINZIN BZ – Réalisée pour Médard C, avec accord pour publication

Le phénomène étale ses tentacules. Les jeunes filles et garçons font des levées de fonds sur les réseaux sociaux. Dans ces groupes, un homme doit participer à hauteur de 2100 francs tous les trois jours, pour bénéficier de deux femmes au choix, qui encaissent ensuite les tontines. Le nombre des membres varie d’un groupe à un autre. Au minimum, il y a 15 membres, dont 10 garçons et 5 filles. Si le tour de l’homme qui doit mettre de l’argent dans la tontine arrive, celui-ci rentre en contact avec une fille de son choix pour un rendez-vous sexuel dans une chambre de passage ou dans un hôtel.

Capture des tarifs de plan Bizi
Capture des tarifs de plan Bizi

L’influence du phénomène dans le cyberespace

Le numérique offre aux jeunes des espaces leur permettant d’initier des actions de plaidoyer et de mobilisation sociale pour défendre leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive. Dans le même temps, sur les réseaux sociaux, on retrouve d’autres espaces où les filles échappent à tout contrôle et sont ainsi exposées à plusieurs menaces. Elles peuvent par exemple être victimes, de harcèlement sexuel, de proxénétisme en ligne, de la participation à des rencontres autour du sexe, des rencontres avec des inconnus aux intentions douteuses, d’exhibitionnisme, la prostitution, la consommation de la pornographie, etc. En effet, les violences en ligne peuvent prendre plusieurs formes : publication de propos ou d’images sexistes, surveillance à l’insu de la victime, etc.

Photo by Iwaria via Iwaria

Tout ceci révèle un caractère d’influence sur les jeunes adolescentes. Par exemple, une jeune fille qui tombe sur un espace de sexe en ligne est d’une manière ou d’une autre psychologiquement incitée à la débauche ou à la consommation de drogues et l’alcool. Si la fille n’a pu contrôler ses impulsions ou sentiments, elle acceptera. Et nos adolescentes sont les plus victimes de ces nouvelles tendances sur le web social.

Que faire face au problème ?

En réalité, le monde fait d’importants progrès en matière de protection dans l’espace numérique. Et, si nous ne prenons pas les taureaux par les cornes, ces nouvelles formes de violences à l’égard des femmes sur les réseaux sociaux, vont tordre le coup au travail qui s’est fait sur l’égalité des sexes jusque-là. Alors, le gouvernement béninois peut adapter les dispositifs juridiques de protection des droits des filles à un mieux-être sexuel et reproductif à l’internet :

En réalité, le monde fait d’important progrès en matière de numérique. Et, si nous ne prenons pas les taureaux par les cornes, ces nouvelles formes de violences à l’égard des femmes sur les réseaux sociaux, vont tordre le coup au travail qui s’est fait sur l’égalité des sexes jusque-là. Alors, le gouvernement béninois peut adapter les dispositifs juridiques de protection des droits des filles à un mieux-être sexuel et reproductif à l’internet :

– La Loi n° 2003-04 du 03 mars 2003 relative à la Santé Sexuelle et à la Reproduction, la loi n° 2006-19 du 5 septembre 2006 portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du Bénin, etc.

– Appliquer l’article 524 de la loi N° 2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique en République du Bénin stipule que « les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de dix (10) ans d’emprisonnement et vingt-cinq millions (25 000 000) de francs CFA d’amende lorsque la victime a été mise en contact avec l’auteur des faits au moyen d’un ou sur un réseau de communication électronique ou un système informatique »,

– Étudier les questions liées à l’accès des adolescents ou jeunes à l’internet tout en élaborant des programmes d’études qui tiennent compte de nos réalités socioculturelles et technologiques,

– Les médias doivent revoir leur politique de diffusion et insérer des émissions éducatives en amenant les jeunes à mieux s’approprier des avantages de l’internet au lieu du côté négatif de la chose,

– Et, pour finir, les parents doivent jouer le rôle qui est le leur en préparant leurs enfants surtout les mineurs à faire face aux nouvelles technologiques.

Une vidéo du comédien Afou

Internet est la quatrième révolution économique au monde. Aujourd’hui, des milliers de jeunes utilisent cet outil qui leur offre des avantages et opportunités. Il est important qu’ils s’en servent à des fins utiles, plutôt que d’en faire un espace qui détruit surtout la dignité des femmes.

Médard CLOBECHI

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